Que diriez-vous si votre lieu de travail, votre école ou celle de vos enfants, le supermarché, la pharmacie, les soins médicaux, et même vos lieux de loisir, qu'ils soient sportifs ou culturels, se situaient à maximum un quart d’heure de votre domicile ? Voilà l'idée de Carlo Moreno qui veut rendre tous ces lieux accessibles à pied ou en vélo afin de réduire la pollution. Cette théorie pousse à la réflexion sur quel type de ville allons ou devons nous tendre dans les années qui arrivent.
Cette idée, qui peut paraître idéaliste, a pris du poids avec le confinement et ses restrictions de déplacement. Nous avons dû repenser toutes nos habitudes en télé-travaillant, en allant faire nos courses dans le supermarché le plus proche, en allant s’aérer ou faire du sport dans un rayon de 1 km. Ces mesures ont eu comme conséquence de réduire le temps perdu dans les transports, mais aussi de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et ainsi d'améliorer la qualité de l’air, seulement pour un temps…
Un nouvel urbanisme en phase avec les enjeux environnementaux
L’idée serait donc de pérenniser ce mode de vie, en transformant la ville pour qu’elle soit plus respectueuse de l’environnement, qu’elle réduise le nombre de routes au profit de voies piétonnes ou cyclables et qu’elle développe plus d’espaces verts. L’objectif est d’avoir ces 6 fonctions rapidement accessibles : se loger, travailler, accéder aux soins, s'approvisionner, apprendre et s'épanouir (sports, loisirs). L’idée n’est pas de tout reconstruire mais de repenser à l’utilisation des infrastructures existantes, par exemple :
- Les écoles pourraient se transformer en parc citadin en dehors des heures d'accueil des enfants ;
- Les discothèques ne sont utilisées que la nuit, et pas toutes les nuits de la semaine. Une idée proposée par Carlos Moreno est d’organiser des cours de gym la journée dans ces lieux ;
Il faut donc rompre avec les habitudes anciennes et penser à de nouvelles utilisations pour améliorer notre bien-être au sein de notre environnement proche.
Ces modifications ont aussi pour objectif donner envie aux habitants de passer du temps dans leur quartier, qu’ils s’y sentent bien et qu’ils en soient fiers. C’est grâce à cette fierté notamment que les usagers prendront soin de ces espaces ce qui pourrait réduire les dégradations et augmenter la cohésion entre les habitants. C’est ce que Carlos Moreno nomme la topophilie, et qui constitue un des 3 piliers avec le chrono-urbanisme (décaler les horaires pour éviter les heures de pointe) et la chronotopie (plusieurs fonctionnalités pour un même lieu selon l’heure).
Un objectif à long terme qui nécessitent des prises de décisions dès maintenant
Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une idée, puisqu’à Melbourne cette organisation de la ville a été adoptée et la ville projette d’atteindre la “20 minutes city” d’ici 2050. A Portland aussi le cap est fixé vers ce nouvel urbanisme avec pour objectif de réduire de 80% son émission de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait appel à Carlos Moreno pour imaginer à quoi pourrait ressembler le Paris de demain. Chaque quartier serait centralisé autour de l’école, qui aurait un rôle majeur. Un lieu qui serait une école pour les enfants mais qui peut se transformer pour une multitude de fonctionnalités. En effet, cet établissement peut devenir un lieu de récréation (un parc dans la cour) ou utiliser les salles de classe pour des cours de sport ou des activités culturelles.
La ville du quart d’heure est une opportunité et un critère de réflexion pour les fonds immobiliers. En effet, cette nouvelle tendance va pousser les investissements à être repensés. Lors de la construction d’un actif, de son achat, ou de sa restructuration, il ne faut plus penser à une seule typologie (comme les bureaux, les commerces, les locaux d’activités, etc) mais aux possibilités de rendre le bien multi-usages. L’actif doit également être accessible à pied ou à vélo par ses utilisateurs. Dans les petites villes, les constructions doivent se rapprocher des habitants, et ne pas s’étaler sur des distances plus lointaines. En s’étalant, les habitants se retrouvent dans l’obligation de prendre la voiture pour chacune de leurs activités. Dans les grandes villes, il s'agira de restructurer les actifs déjà existants, la réalité étant que les mètres carrés sont partiellement utilisés. Des opportunités se présenteront pour les acteurs en capacité de rendre leurs actifs multifonctionnels. Il y a donc un fort intérêt pour les professionnels de l’immobilier à mettre en place ces différentes opérations tout en contribuant au bien être des habitants et à l’amélioration de notre environnement.